CSF Magazine n°133 - Gaz, électricité, fioul, essence, eau : ces prix qui deviennent fous

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Gaz, électricité, fioul, essence, eau : ces prix qui deviennent fous

 

Les factures s’affolent. Des augmentations massives de prix s’imposent aux consommateurs. Pourquoi cette course ininterrompue ? La guerre en Ukraine, la crise au Proche-Orient n’expliquent pas tout. Pour ralentir le changement climatique, l’usage des carburants fossiles doit diminuer au profit de l’électricité et des énergies renouvelables. Pourtant, les prix de ces énergies non polluantes ont atteint des sommets. Le budget des familles est touché de plein fouet. Comment en est-on arrivé là ? Cette course va-t-elle continuer ?

Énergies : des hausses historiques

En Europe, paradoxalement, le prix du gaz est le pôle central de référence pour fixer les prix de l’énergie. Depuis les années 1990, les tarifs de l’électricité dans l’Union européenne sont indexés sur le coût de production de la dernière centrale mis en service. Or les dernières centrales, principalement en Allemagne, fonctionnaient au gaz ! On a donc assisté à un alignement du prix de l’électricité sur celui du gaz. Une énorme contradiction avec les engagements en matière de climat qui a abouti à pénaliser l’énergie la moins polluante.

 

Car les prix du gaz flambent, surtout depuis l’embargo sur le gaz russe, et entraînent dans leur course ceux de l’électricité. Déjà, la diminution des réserves mondiales et la demande croissante, notamment en Chine et en Inde, poussaient à la hausse. Mais l’arrêt de l’importation de gaz russe en réduisant brutalement les sources d’approvisionnement en Europe a abouti à une crise de l’offre. L’Allemagne avait fondé en partie sa croissance économique sur les gazoducs la reliant directement à la Russie. Elle avait renoncé à l’énergie nucléaire et développé le gaz et le solaire. Il était de bon ton à l’époque d’approuver hautement ces choix. Mais la guerre en Ukraine a fracassé ce modèle : désormais, pour compenser l’absence du gaz russe, nos voisins allemands brûlent davantage de charbon et de lignite. La planète ne leur dit pas merci.

On ne voit pas dans l’avenir proche une diminution des prix du gaz : l’offre ne peut pas augmenter. Le gaz russe est frappé d’embargo en Europe ; il se dirige donc vers l’Inde — qui le revend parfois à bon prix — et la Chine. Les réserves en gaz de l’Iran et du Qatar diminuent. Les ressources en gaz algérien ne peuvent pas être augmentées parce qu’il faudrait de considérables investissements pour exploiter de nouveaux gisements, plus difficiles à atteindre et moins abondants. Le gaz du Nigeria manque d’infrastructures d’acheminement. Le gaz liquéfié venu des États-Unis par navires est très cher. Inutile donc d’espérer une accalmie sur le marché du gaz. Mais là où le bât blesse, c’est que le prix du gaz a entraîné celui de l’électricité, du fait de l’accord européen des années 1990, devenu pourtant complètement absurde. Et la fin des « boucliers tarifaires » est prévue pour décembre 2024.